Une Abbaye fantôme au cœur de la Toscane
Mais où diable avions-nous atterri ?… Caché derrière un mur de pierres, un farfadet d’humeur espiègle m’a répondu en murmurant : « Vous êtes au Moyen-Âge dans un monde depuis longtemps tombé dans l’oubli… » Et ma fille – qui avait dévoré la semaine précédente un nouveau tome d’Harry Potter, – a levé vers moi ses grands yeux clairs et arrondis :
« Maman, tu as entendu cette petite voix ?
– Quelle petite voix, ma chouette ?… »
En fait, nous venions tout juste de nous introduire dans les ruines de la très peu connue Abbazia di San Salvatore di Giugnano, église et monastère datant de l’époque médiévale. Si les magnifiques abbayes de San Galgano et Sant’Antimo sont restées, elles, bien conservées et toujours aussi prisées des touristes et des visiteurs, les vestiges de San Salvatore sont encore, à ce jour, un secret relativement bien gardé.
Ces ruines se terrent dans la campagne de Roccastrada, une commune située dans la province toscane de Grosseto à environ 90 kilomètres au sud de Florence. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, la première chose que nous avons vue en descendant de la voiture est une aire de jeu parue sortie d’un conte de fée. Les enfants – nous étions avec un couple d’amis et leurs deux jeunes garçons, – s’en sont donné à cœur joie sur les balançoires pendant une dizaine de minutes. Puis nous nous sommes engagés sur un sentier à travers les bois jusqu’à ce que nous apercevions bientôt une vieille échelle de bois nous invitant à descendre dans un monde souterrain insolite : la crypte romane d’une abbaye depuis longtemps tombée dans l’oubli.
Nous admirions les motifs géométriques et zoomorphes des chapiteaux des colonnes lorsqu’un jeune homme fort sympathique – en chair et en os, pas un zombie, – fit son apparition derrière nous. Il nous a expliqué qu’il habitait la petite maison située non loin de l’aire de jeu et qu’il adorait servir de guide, au pied levé, auprès des visiteurs de passage.
Il nous a ainsi appris que cette abbaye bénédictine était à l’origine rattachée au monastère San Salvatore du mont Amiata, avant de tomber sous la juridiction de l’abbaye San Galgano au XIIIe siècle et de faire l’objet d’une exploitation minière. Les chanoines de Saint-Augustin y élirent ensuite domicile pendant une centaine d’années, puis le site, pour des raisons obscures, fut déserté et laissé complètement à l’abandon.
Vous trouverez sur cette page web un plan vous indiquant l’endroit où se trouve ce monastère fantôme. J’espère seulement que vous retrouverez votre chemin dans le monde réel après cette singulière visite…