Histoire d’amour et de guerre en Toscane (3ème partie)
Nous voici donc parvenus au troisième et dernier épisode de notre histoire toscane ; pour la famille Origo comme pour l’Italie toute entière, une période sombre et chaotique.
De juin 1943 à juin 1944, l’Italie s’interroge sur son rôle dans le conflit : devrait-elle se déclarer neutre, voire se ranger du côté des Alliés ? Le vide politique créé par cette indécision favorise l’éclatement d’une guerre civile.
Dans son journal, Iris Origo relate le quotidien de La Foce pendant cette période difficile. Exposé aux feux des différentes factions combattantes, le microcosme que constitue le vaste domaine se trouve pris dans la tourmente. Nombreux sont les soldats et les réfugiés qui se terrent ou s’embusquent sur les pentes rocheuses et abruptes du mont Amiata, couvert de châtaigniers, ou dans les bois sauvages et inhospitaliers du Val d’Orcia.
Peu importe le camp auquel ils appartiennent, les blessés et les affamés qui viennent leur demander de l’aide sont accueillis par les Origos avec la même générosité. Le nombre d’enfants trouvant refuge à La Foce augmente lui aussi de façon spectaculaire à la suite des bombardements de Gênes et de Turin.
Après la guerre, et avec un courage exemplaire, les Origos s’attellent à la reconstruction de leur domaine en ruines. Iris trouve le temps d’écrire, et continue de produire des oeuvres souvent encensées par la critique. Elle est bientôt une spécialiste reconnue et son nom devient synonyme d’un lyrisme subtil et raffiné.
Ses livres embrassent une période couvrant une cinquantaine d’années, et vont de l’essai biographique au récit historique en passant par la réflection intime. Sa passionnante chronique intitulée Guerre dans le Val d’Orcia (1947) et sa très émouvante autobiographie, Images and Shadows (Images et Ombres) (1970), sont des ouvrages dont je vous recommande vivement la lecture.
Benedetta et Donata vivent toujours à La Foce. Grâce à elles, le domaine vit et prospère comme l’aurait souhaité leur mère. Elles entretiennent également le magnifique jardin à la française – désormais bien connu – qu’Iris Origo avait créé en collaboration avec l’architecte anglais Cecil Pinsent.
Soit dit en passant, le Val d’Orcia – théâtre de l’histoire que je viens de vous raconter, – est aujourd’hui un site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO (aux côtés de ses cinq principales villes : Pienza, Castiglion d’Orcia, Radicofani, San Quirico d’Orcia and Montalcino). Une région qu’il faut donc voir et visiter absolument !
A la settimana prossima!